HISTOIRE DU PANOPTIQUE

 

 


ALTER

Projet EXONIQUE, 2010.

 

 

 

Histoire du Panoptique

Imaginée par Jérémy Bentham, le panoptique est à son origine un type de structure carcérale dont la fonction est de permettre à un individu l’observation d’un ensemble de détenus, sans que ceux-ci ne puissent le savoir. Le procédé suscite ainsi chez le prisonnier le sentiment d’une surveillance permanente.

A la déception du philosophe, le panoptique ne sera jamais réalisé. Les gouvernements de l’époque, bien que refusant les propositions de Bentham, bâtiront une prison pour forçats à Millbank, sur la rive droite de la Tamise, à quelques kilomètres de Westminster. Sa construction débutera en 1812 et les premiers détenus y entreront en 1816. Achevée, la prison logera 1200 détenus, faisant d’elle le plus grand établissement carcéral en Europe. Millbank mettra cependant en œuvre certains principes prolongeant le projet initial de Bentham.

Dans un pamphlet qui paraîtra en 1798, Jeremy Bentham décrit ainsi le Panoptique ou « Maison d’inspection » : Le bâtiment circulaire - une cage de fer, vitrée, une lanterne de verre, de la taille de Ranelagh ; les détenus dans leurs cellules occupent la circonférence - les officiers et personnel dirigeant (aumônier, chirurgien, etc.), le centre. Par des stores et d’autres stratagèmes, les inspecteurs sont cachés ... de la vue des détenus : d’où un sentiment d’une sorte d’omniprésence invisible. Tout le bâtiment peut être surveillé sans devoir changer beaucoup - ou, si nécessaire, sans changer du tout - son point de vue.  

La description traduit les principes fondamentaux de la structure : une grande tour de surveillance indépendante, entourée par un anneau continu de cellules donnant sur l’intérieur « l’omniprésence apparente de l’inspecteur ... avec la facilité extrême de sa présence réelle ».  

Bentham, en conformité avec la philosophie utilitariste, souhaitait ainsi obtenir le meilleur rapport productif de la part du détenu. Il abandonnera vers 1790 l’isolement cellulaire, déclarant que « mis à part de courtes périodes, cette pratique amène inéluctablement à la folie, au désespoir, ou plus souvent à une apathie stupide ». Plutôt que l’isolement cellulaire, Bentham privilégiera le travail surveillé de « compagnies », groupes de deux, trois ou quatre personnes, qui vivraient mais aussi travailleraient ensemble. Considérations humanitaires mais aussi économiques infléchiront le projet de Bentham : économies des moyens de chauffage et d’éclairage, flexibilité et motivation au travail, transmission plus directe des compétences.

Sébastien Jolivet Le Havre Art Contemporain
Sébastien Jolivet Art Contemporain Le Havre